Seydou Keita, capitaine des Aigles du Mali: « On ne peut pas écrire qu’un joueur a été marabouté ou qu’il ne faudrait pas faire jouer ceux qui sont nés en France, c’est scandaleux ! »

Avant son départ en Ethiopie, le capitaine des Aigles du Mali a tenu s’exprimer sur la sélection nationale et dresser un bilan assez critique sur l’ambiance autour de l’équipe

Seydou, une nouvelle jeunesse à l’AS Roma…

Comme vous le savez, après mon retour de la chine, mes six mois au FC Valence m’ont permit de démontrer ma capacité à revenir au haut niveau, de montrer que je n’avais surtout rien perdu de mes capacités. C’est ainsi que j’ai signé à l’AS Roma.  Valence me voulait vraiment et cela c’est un peu mal passé vers la fin avec eux car les dirigeants de valences comptaient me garder.

Mais j’avais l’ambition de jouer au très au très haut niveau, surtout la Ligue des Champions UEFA comme j’ai eu à vous le dire dans une interview[1]. C’est  là on l’on retrouve les meilleurs. C’est mon ambition de montrer que l’on fait parti des meilleurs.

Une aubaine donc pour l’équipe nationale du Mali….

Bien sur ! Mais le club est différent de l’équipe nationale puisque l’on n’a pas suffisamment de temps en sélection pour se connaitre.

La plupart du temps aussi il y a des nouveaux joueurs, c’est un peu difficile mais lorsque l’on est en club, naturellement c’est plus facile de faire une belle performance qu’avec son équipe nationale.

En sélection c’est difficile pas uniquement en Afrique : l’exemple c’est le cas de Lionel Messi [2]où on compare son rendement au FC Barcelone et celui dans sa sélection…

Egalement en club, vous avez les meilleurs du monde à vos cotés alors qu’en sélection ce sont les meilleurs du pays tout simplement…

C’est vrai aussi mais il ne faut pas oublier qu’en équipe nationale on fait avec les moyens du bord. Il y a tellement de pressions et de choses autour qui font que les performances de la sélection sont déférentes de ceux dans  nos clubs.

Au pays on a vraiment besoin de l’entourage, des gens pour donner des coups de mains car ce n’est pas facile. On est là, les choses sont difficiles et on voit que certains essayent de mettre des bâtons dans les roues….c’est difficile.

Il y a t il encore des difficultés en terme d’organisation autour de la sélection ?

Pas seulement au niveau de l’organisation. Par exemple j’ai vu un article de presse sur lequel j’ai échangé avec Adama Tamboura, je n’ai pas trouvé cela correcte. Nous venons jouer pour l’équipe nationale du Mali et un journaliste lorsqu’il écrit quelque chose, il  doit avoir des preuves à l’appui. On ne peut pas écrire qu’un joueur a été marabouté ou qu’il ne faudra pas faire jouer ceux qui sont nés en France, c’est scandaleux ! Un malien d’où il soit est malien. Comment un journaliste malien peut parler ainsi de son pays ? C’est quelque chose qui me choque !

Vous estimez que la presse sportive malienne n’est pas objective …

Je ne considère pas cet acte comme étant de la presse. C’est juste quelqu’un qui a la possibilité de dire du n’importe quoi ! Si l’intéressé, en occurrence Mamadou Samassa[3], n’est pas solide dans sa tête, il peut croire que ça s’est mal passé parce qu’il a été marabouté. Ce genre de choses ne peut qu’amener des problèmes dans la sélection et cela ne bénéficie à personne !

Vous appelez donc la presse sportive malienne à une certaine responsabilité ?

Bien sur ! Il faut que les gens comprennent qu’une sélection nationale est différente d’un club. Il ne faut pas se focaliser sur une personne, l’équipe nationale c’est le Mali, donc il faut faire attention. La personne qui a écrit cet article peut être déçue mais il ne faut pas faire des choses pour nuire.

Je ne vais pas généraliser car certains journalistes essaient de faire correctement leur boulot.  Notre pays transverse de grosses difficultés et cela doit nous servir de leçon. Lorsque l’on n’est pas solidaire et que l’on fait du parti pris, on arrive à des situations que nous vivons au Mali. Il faut aimer son pays  et faire des actes qui le prouvent en montrant l’exemple tout restant correct.

Je souhaite que lorsque ça ne va pas, il faut critiquer de façon constructive, cela nous fait même avancer. Mais il ne faut pas dire des choses pour nuire à l’équipe à cause d’intérêt particulier. Ce n’est pas correct.

Quels sont vos ambitions pour la double confrontation face à l’Ethiopie ?

L’ambition c’est d’aller gagner en Ethiopie. Et en foot lorsque l’on ne gagne pas, il faut savoir ne pas perdre.

Par exemple, nous avons perdu contre l’Algérie et il  y a eu des critiques. Mais les gens ne savent pas beaucoup de choses. Nous avons joué dimanche à Bamako au lieu de samedi. Le même jour nous avons pris l’avion mais nous sommes arrivé que lundi à 16h en Algérie. Nous avons eu que mardi pour récupérer…

Vous aviez fait une longue escale à l’aéroport de Casablanca….

On nous a dit qu’il n’y avait pas de vol direct….

Donc une mauvaise organisation de votre voyage pour l’Algérie ?

Oui mais on nous a dit qu’il n’y avait pas de vol direct, la seule possibilité a été de prendre la Royal Air Maroc et de passer par le Maroc pour aller en Algérie.

Cela a eu un impact car nous n’avons pas pu récupérer de la fatigue. On arrive lundi à 16h00 pour un match qui se joue mercredi, contre la meilleure équipe d’Afrique sachant qu’il y a eu aussi un  « arbitrage maison » car le but n’était pas valable. Malgré tout cela l’équipe s’est bien battue et je pense que l’équipe est à encourager, surtout les jeunes.

Personnellement, je peux encaisser beaucoup de choses car cela fait presque 20 ans que je suis dans les différentes sélections du Mali. Mais il faut encourager les plus jeunes et faire très attention avec eux. Aujourd’hui, je n’attends plus rien du football, je joue que pour le plaisir mais que je vois certaine chose, cela me fait mal.

Votre responsabilité n’est elle pas de pointer du doigt les problèmes du football malien ?

Effectivement car aujourd’hui ces jeunes de la sélection ont tout leur avenir devant eux et c’est une aubaine pour le Mali. Même si je ne serais plus en équipe nationale je souhaiterais que le Mali remporte la CAN, si c’est avec moi temps mieux. Donc il ne faut pas mettre les bâtons dans les roues !

Il y a des gens honnêtes qui mouillent le maillot pour le pays. Ils veulent juste qu’on les aide pour qu’ils puissent bien faire leur travail et c’est de ma responsabilité de les aider. Je n’ai pas besoin de dire tous les efforts que je fais pour aider notre équipe nationale.

J’ai connu la sélection en 1994, avant cette date l’équipe ne s’était plus qualifiée en CAN depuis 1972. Pas de qualification non plus entre 1994 et 2002.

Maintenant, nous nous qualifions à  presque à  toutes les CAN : quatre dois demi-finalistes, deux fois médaillés de bronze mais nous avons l’impression ces performances ne sont pas importantes. A force de minimiser ces performances, on ne finit par faire décourager. Arrêtons d’être négatif et  laissons l’égoïsme de coté !

 Propos recueillis par Mahamet Traoré

[1] Exclusif Malifootball/Seydou Keita, nouveau milieu de terrain de l’AS Roma: ” J’avais envie de rejouer la ligue des Champions UEFA
[2] footballeur international argentin évoluant comme attaquant au FC Barcelone 
[3] http://www.maliweb.net/sports/aigles-du-mali1-gardien-but-mamadou-samassa-maraboute-537452.html

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