Pour quelles raisons aucun match amical n’a été programmé ce mercredi 14 novembre 2012[1] pour les Aigles du Mali?

C’est un choix réfléchit. Lors de notre double confrontation contre le Botswana, il y avait eu plusieurs absences pour cause de blessures, surtout lors du match retour. 

J’ai pu revoir les joueurs , dont certains joueurs, qui n’étaient pas titulaires, en pleine compétition. Je ne voyais pas l’intérêt de les faire revenir sachant que l’on avait pas eu de confrontation intéressante.

Par ailleurs , certains joueurs du Djoliba AC, faisant partie de la sélection, sont mobilisés pour la compétition africaine. Ils vont bientôt disputer la finale de la Coupe de la confédération africaine de football: il ne fallait donc pas privé le Djoliba de ses meilleurs éléments à la veille d’une finale. C’est un moment historique pour le club et le football malien.

Un match amical est une bonne chose mais contraindre les joueurs à des voyages où nous n’avions pas vraiment d’enseignements à en tirer n’était pas utile sauf si on avait réussi à avoir un adversaire intéressant. Je ne voulais pas jouer face à nos adversaires de notre groupe[2] et nos contacts avec les nations européennes n’ont pas été concluants. Un repos ferra du bien aux joueurs surtout à ce moment de la saison.

L’absence d’un sparring partenaire de taille vous a donc démotiver à jouer à match amical…

Si nous avions eu une grosse nation européenne, pourquoi pas ? Mais je ne voyais pas l’intérêt d’affronter un adversaire contre lequel nous en aurions aucun enseignement à tirer. Je préfère que l’on ne dépense pas notre argent bêtement et que nous ayons tous les moyens afin de bien préparer la CAN 2013.

Vous revenez d’un séjour en Europe, quelle en était le contenu ?

Je suis allé voir beaucoup de matches, comme je le fais quand je suis à Bamako, pour suivre les joueurs maliens dans leurs clubs. Je suis allé voir Mustapha Yatabaré qui fait une très belle saison  à Guingamp, Mamadou Samassa à Vérone. J’ai beaucoup suivis les joueurs de la Ligue 1. J’ai repris contact avec Samba Diakité, qui m’a affirmé son envie et le désir qu’il avait pour nous rejoindre. Et de faire confiance au projet que je lui ai présenté; il était très content .

Maintenant, je suis dans une phase où j’ai de plus en plus de travail car le choix des joueurs pour la CAN va être délicat compte tenu de la concurrence à certains postes. C’est pour cela que je mets tous les atouts de notre coté en observant le plus de match possible et en étant le plus lucide et le plus déterminé possible à choisir les meilleurs joueurs qui seront en Afrique du Sud[3] pour faire une belle compétition.

On se pose des questions sur l’absence de certains joueurs de la sélection qui avaient pourtant laisser une belle impression lors de la CAN 2012 tels que Samba Diakité, Bakaye Traoré, Gara Dembélé, Drissa Diakité…

Vous savez , ce n’est pas le passé qui m’importe le plus mais plutôt ce qui va se passer en Afrique du Sud.

Et concernant le choix des joueurs, on ne fait jamais l’unanimité.  C’est l’histoire éternelle du football. Je serais le plus juste possible en accord avec la façon dont je vois l’évolution de l’équipe pour être le plus performant possible. Forcement il y a des choix qui feront parler.

Depuis votre arrivée, certains joueurs longtemps éloignés de la sélection ont fait le apparitions tels que Mahamadou Diarra Djilla, Momo Sissoko, même si sa blessure avait différé son retour, comment avez vous pu créer l’engouement de la sélection auprès de ces joueurs là?

Tout est une question de gestion humaine. Le but n’est pas de leur demander  de revenir simplement en sélection mais plutôt il faut qu’il comprennent qu’ils seront bien encadrés. La sélection a évolué depuis un certain temps. Nous sommes la 3è nation africain de football et la 28è mondiale[4]. Ces joueurs ont été heureux d’être ré-sollicité par l’équipe nationale et de sentir qu’un sélectionneur avait envie de leur venue. C’est pour cela qu’ils ont répondu favorablement. Malheureusement, Momo Sissoko souffre toujours de son genou, ce qui l’empêche de revenir à son meilleur niveau.

Qu’un joueur ait un énorme palmarès, beaucoup d’expériences  ou pas, il y a pas de différence. Cela nécessite de toutes les façons de la gestion humaine. On ne peut pas avoir peur de ce genre de joueurs car dans les moments difficile ils répondent présents.

Il y a t-il des chances de voir Momo Sissoko avec les Aigles du Mali à la CAN 2013?

Je l’ignore puisqu’il joue peu avec le PSG, il a toujours des soucis avec son genou. Le but pour moi c’est d’être juste. S’il est à 100 % c’est un joueur qui pourrait énormément apporter, après je ne peux pas privilégier quelqu’un qui joue peu à la place d’un autre à 100% pouvant apporter plus. Surtout dans un secteur de jeu où il ya une énorme concurrence, où nous avons de très bon joueurs.

Avez des nouveaux joueurs susceptibles de renforcer la sélection pour la CAN? Les noms de Bakary Sacko et de Nouha Dicko reviennent souvent…

Effectivement je supervise beaucoup de joueurs. Certains avaient déjà joué avec le Mali d’autres pas encore. Pour Bakary Sacko, une décision  sera prise au début du mois de Décembre si oui ou non il va décider de rejoindre les aigles du Mali. La seule certitude c’est que nous nous sommes fixé un ultimatum pour début décembre. Malheureusement , il est dans un contexte où il est le meilleur de son club et ce dernier ne souhaite pas le lâcher. C’est à lui de se décider pour le début du mois de décembre. Ça sera une bonne chose pour nous s’il venait. Sino,  il y a un certain nombre de joueurs que je suis attentivement et mais leurs noms restent confidentiels.

Quel sera votre plan de préparation pour la CAN 2013?

Nous avons eu de nombreuses réunions avec le président de la fédération et son vice-président à ce sujet. Mon ambition est que les joueurs seront convoqué les 4 et 5 décembre à Bamako pour les bilans médicaux. Ensuite nous repartirons en Afrique du Sud le plutôt possible, au moins 10 jours avant le début de  la compétition. Il faudra s’adapter aux conditions météorologiques particulières de ce pays: il pleut beaucoup en cette période de l’année, avec beaucoup de vents.

Je pars la semaine prochaine en Afrique du Sud avec Baba Cissé [5] afin de repérer notre hôtel ainsi que notre centre d’entrainement. Il faudra que nous soyons dans les meilleurs conditions possibles pendant la compétition.

Pour le reste c’est un travail titanesque avec le reste de mon staff pour avoir le maximum d’informations au niveau des clubs, sur les joueurs, autant sur le plan physique que dans l’observation des matches. Regarder beaucoup de matches, suivre les joueurs, échanger le plus d’informations possibles entre nous : suivre de manière régulière l’ensemble de nos internationaux.

La préparation de la CAN comprendra donc deux  phases?

Absolument. La première étape à Bamako parce que cela permettra aussi aux joueurs de revoir leurs familles. Ce qui sera très important aussi , surtout en ces moment difficile que vit le Mali, c’est de jouer un match amical devant nos supporteurs à Bamako. Leur faire plaisir afin que les joueurs sentent l’engouement qu’il y aura au pays pendant que nous serons en Afrique du Sud.

La deuxièmement étape, c’est aller rapidement en Afrique du sud  pour être proche de notre lieu de compétition et surtout de s’adapter aux conditions météorologiques du moment.

Combien de matches amicaux avez vous prévu et quels seront les adversaires ?

Il y aura très certainement deux matches amicaux l’un à Bamako, l’autre en Afrique du Sud. Les adversaires sont à déterminer . L’objectif c’est aussi d’avoir plus de temps pour la préparation.  Il y a en a qui pense qu’il faut faire plus de matches amicaux mais je ne fais pas partie de ce lot là.  

Compte tenu des différence de niveaux, par rapport à certains joueurs qui auront joué plus de matches en club, il me semble plus judicieux d’adapter notre préparation: faire une très grosse préparation physique, pour certains la récupération et pour les autres une montée en puissance.  Après les résultats monteront que cette vision est juste ou pas.

Jusqu’ici votre bilan avec les Aigles c’est : deux matches, deux victoires avec beaucoup de buts[6] et une qualification pour la CAN 2013. Sur quels sont points avez-vous principalement axé votre travail  lorsque vous avez rejoint  la sélection nationale?

C’était de montrer que nous pouvons gagner ces matches avec la manière tout en jouant avec deux équipes très différentes. Sept éléments du match aller face au Botswana n’y étaient pas lors du matches retour. Ce qui démontre beaucoup de potentiel  et aussi que,  lorsque je parle de notion d’équipe , je ne pense pas que l’on puisse allé loin dans une compétition qu’en se basant que sur onze joueurs et que l’on ne compte pas sur les autres . C’est un groupe qui soit sentir à tout moment que, s’il y en a un qui est moins bien, que je n’hésiterais pas à le faire souffler, quelque soit le standing, l’âge , pour qu’un autre coéquipier plus frais puisse le remplacer.

Mon objectif était donc de créer une émulation; beaucoup l’on compris et ceux qui ne l’on pas compris, tant pis pour eux. C’est l’intérêt nationale qui prime selon moi. Je suis là en tant que représentant de l’équipe du Mali, pas pour faire des cadeaux. Le but c’est d’être efficace et opérationnel.

C’est un  immense plaisir pour moi de représenter ce pays formidable , j’ai à  cœur de , comme je l’ai vécu il y a quelque jours avec cette victoire extraordinaire du Djoliba AC en demi finale retour de la Coupe CAF, un moment inoubliable et j’espère qu’avec l’équipe nationale, comme cela a été le cas contre le Botswana , de donner beaucoup de plaisir au public.

Je pense que, pour les joueurs, venir en sélection doit pas seulement être un honneur mais aussi une question de fierté, d’humilité. On se doit d’avoir en équipe nationale un comportement encore plus irréprochable que quand on est en club et non l’inverse. Encore une fois ceux qui l’ont compris tant mieux et ceux qui ne l’on pas compris  ou qui ne le comprendront  pas auront du mal à rejoindre les Aigles du Mali…

Vous pensez à un joueur en particulier?

Non , c’est un message d’ordre générale pour tous les joueurs !

Et pourtant nous avons appris que vous auriez eu des problèmes avec Bakaye Traoré lors du match Mali- Botswana à Bamako, vous le confirmez?

Non , il n’ya pas eu de soucis. Nous ne sommes malheureusement pas bien compris avant ce match et il ne l’a pas débuter. Nous avions pas échangé là dessus mais cela fait partie du football.

Quel regard portez vous sur l’excellent parcours du Djoliba AC en coupe de la Confédération Africaine de Football?

Il y a beaucoup de très bons joueurs au Djoliba AC; c’est une équipe que je suis depuis quelques mois. J’ai eu un coup de cœur pour le défenseur central Salif Coulibaly que je trouve très complet. Il a de bonnes qualités défensives, une relance juste et un très bon jeu de tête . Un jeune gardien très prometteur Aly Yirango et tant d’autres.

Il y a beaucoup de bons joueurs et surtout cette équipe est un véritable rouleau compresseur. Plus le match avance, plus ils arrivent à épuiser leurs adversaires à force de détermination et de générosité. Je comprends pourquoi beaucoup de supporteurs se reconnaissent dans cette équipe: elle a un état d’esprit qui mérite vraiment le respect qu’elle a en ce moment.

Les joueurs sont irréprochables et exemplaires. Je serais leur premier supporteur dimanche prochain au stade pour les supporter et les conduire vers la victoire. Ce qui ferait que, trois ans après la stade malien , qu’un autre club malien soit au plus haut niveau de cette compétition africaine.

Il y a t-il des joueurs locaux, notamment ceux du Djoliba, pouvant prétendre à être titulaire dans l’équipe nationale du Mali?

C’est difficile de le dire. Je me suis beaucoup servis des deux rassemblements des Aigles pour connaitre réellement  le niveau des joueurs locaux, notamment ceux du Djoliba. Ils évoluent dans un football différent. Il fait très chaud et les terrains ne sont pas toujours bons. C’est donc difficile de comparer avec les joueurs qui évoluent en Europe sur lesquels nous avions une vision un peu plus lucide parce qu’ils on l’habitude des rythmes, et dans les conditions…La seule façon pour moi de les comparer c’était de les faire d’abord sélectionner  et de jauger leurs niveaux. Certains ont eu un peu du mal mais d’autres m’ont montrer que l’on pouvait compter sur eux. Ils ont su élever leur niveau .

Quelle sera l’ambition de l’équipe nationale de football lors de la CAN 2013?

Aller le plus loin possible dans la compétition. L’équipe a finit troisième l’année dernière, il faudra montrer qu’il ne s’agissait pas d’un hasard. L’équipe avait joué la demi finale: pouvoir refaire le même exploit l’année d’après prouvera que le football malien est en grosse progression. Cela nécessite beaucoup d’humilité car nous serions attendus,  la place conquise l’année dernière fait du  Mali une nation respectée.

Dans tout le cas ça sera plus difficile en 2013 qu’en 2012 mais cela fait partie de l’évolution d’un pays de devoir s’assumer et de faire partie des équipes qui peuvent compter dans cette compétions. Il faudra faire le maximum pour aller le plus loin possible et c’est ce que nous allons faire !

Propos recueillis par Mahamet Traoré, Malifootball.com