Ayant sous sa coupe 24 éducateurs sportifs dont il coordonne leurs actions au quotidien, le natif de Nioro du Sahel (Mali), vit à Levallois depuis une dizaine d’année au service du développement sportif et humain des jeunes de la ville. Il est aussi directeur d’un des centres de losir  de la ville.

MaliFootball est allé à sa rencontre…

Mamadou, Comment êtes vous devenu responsable technique du Levallois Sporting Club Football? 

J’ai d’abord été joueur du club. Par la suite, je me suis découvert cette envie d’apprendre et surtout de transmettre. Je suis tombé aussi sur Mr Amaral George, le responsable technique de l’époque, qui m’a fait confiance.

Donc en plus d’être joueur, j’encadrais aussi les jeunes du club. C’est ainsi qu’avec le soutien de la ville de Levallois, j’ai passé les différents diplômes qui m’ont permis de devenir responsable technique depuis 2009.

Vous avez donc très tôt réfléchit à votre reconversion…

Effectivement ! J’étais entraineur-joueur et je me suis davantage intéressé à la formation. J’ai donc passé plusieurs étapes et le dernier diplôme que j’ai obtenu est le Brevet d’état professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS). C’est un diplôme pluridisciplinaire qui permet d’acquérir des compétences dans la gestion du sport, dans l’animation et dans la culture. Et cela va de soi : je me suis spécialisé sur le volet sportif, principalement le football même s’il m’arrive de mettre à profit mes compétences dans l’animation puisque je suis aussi directeur d’un des centres de loisir de la ville.

A quoi consiste votre quotidien ?

Je m’occupe de la formation des jeunes de 13 à 17 ans. Pendant 4 ans, les jeunes stagiaires sont suivis par une équipe de 24 éducateurs dont je coordonne leurs actions au quotidien. Nous mettons en place la politique de formation globale et spécifique pour chaque stagiaire puis nous assurons le suivi jusqu’à ce qu’il quitte notre club. Et nous l’accompagnons aussi lors de leurs premières années lorsqu’ils rejoignent un autre centre de formation des grands clubs français.  Le dernier exemple est Victor Mayar qui se trouve au centre de formation de Nancy et en même temps en équipe de France U17. Nous le suivons jusqu’à présent bien qu’il ne soit plus chez nous. Nous accompagnons la réussite sportive et humaine du jeune stagiaire.

Vous faites un travail reconnu en France, connaissez vous d’autres jeunes maliens qui font le même métier que vous ?

Ah oui… pratiquement dans chaque ville française surtout en région parisienne, vous trouvez des jeunes d’origines maliennes très compétents qui s’investissent dans la réussite des jeunes. Et d’ailleurs à Levallois, j’ai avec moi l’ancien international malien Mamadou Kanté (ex-Attaquant du Stade malien de Bamako) qui est entraineur des jeunes du club. Il est entrain de passer tous ses diplômes d’entraineur.

Comment faire profiter le sport malien de vos compétences ? 

Même si nous avons cette volonté, je ne pense pas que le sport malien ait besoin de nous car les autorités sportives maliennes ne font rien pour nous permettre d’aider le Mali.

Avec Didier Drogba lors de l’inauguration du stade Didier Drogba à Levalois

Si la France nous garde, c’est qu’elle sait que nous avons une certaine expertise qui lui apporte quelques choses pour le développement de son sport. Lorsque j’ai été au Mali, j’ai essayer de rencontrer le Secrétaire General de la fédération malienne de football afin de lui remettre des références mais je n’ai pas réussi en vain.

De façon concrète que  pouvez-vous  apporter au sport malien ?

La formation et l’accompagnement dans l’organisation dans le football de haut niveau par exemple. Comment faire le lien en football amateur et professionnel ? Comment accompagner la réussite des jeunes footballeurs ? Comment organiser et gérer une équipe nationale ou un club de football afin de créer autour de lui  les conditions de réussite. 

J’ai eu a travaillé avec l’équipe de France de football à Clairefontaine, j’ai rencontré des entraineurs comme Ancelotti à Milanello lorsqu’il entrainait à l’AC Milan, Rijkaart pendant la période Barcelonaise et aussi Van Basten lorsqu’il avait la sélection A. J’ai eu à faire des immersions dans leurs clubs et sélections respectifs afin de m’imprégner de leurs méthodes. Si ces clubs sont parmi les meilleurs au monde, ce n’est pas un hasard !

Quel votre regard sur l’équipe nationale de football du Mali ? 

Je n’ai pas l’impression que les dirigeants de notre football comprennent les enjeux de l’équipe nationale. Les victoires dans cinq ans se préparent dès aujourd’hui et pour cela il faut un plan, une stratégie.  On ne peut pas se pointer à une compétition et prétendre la gagner de façon hasardeuse. 

Une stratégie d’ensemble de l’organisation du football malien doit être mise sur pied avec des objectifs bien déterminés. Les réussites récentes de l’équipe d’Espagne ne sont pas des accidents ; et pourtant elle avait toujours eu des grands joueurs mais elle n’avait jamais gagnée. Malheureusement, les dirigeants maliens n’ont pas cette vision pour notre football.

Pensez vous que le Mali possède les moyens financiers, humaines pour mieux organiser son football ?

La dotation que la FIFA octroi chaque année à la fédération malienne de football part où ? Il faut vraiment mettre l’accent sur la formation des jeunes footballeurs. A titre d’exemple, durant ces dernières années, le Mali n’a pas produit d’attaquant de classe mondiale : il y a une raison à cela. 

D’autre part, la plupart des joueurs de l’équipe nationale sont des joueurs professionnels évoluant dans les plus grands clubs du monde : Il faut donc mettre à leur disposition un staff professionnel. Ce qui est loin d’être le cas au Mali.

Et pourtant la fédération fait appel aux entraineurs étrangers pour entrainer la sélection…

Une équipe ce n’est pas que l’entraineur mais c’est aussi un staff professionnel autour. La plupart des joueurs professionnels maliens le savent : un entraineur seul ne peut rien faire sans une organisation professionnelle autour de lui.  A titre d’exemple, le staff de l’équipe de France 2006 était constitué de 25 personnes pour 23 joueurs lors de la coupe du monde 2006. Pourquoi ?

Ici en arriere plan  lors de l’inauguration du stade Didier Drogba à Levalois

L’Espagne championne du monde et championne d’Europe a transférer les méthodes du FC Barcelone dans l’équipe nationale : on connait les résultats !

Que doit donc faire la fédération malienne de football ?

Elle doit d’abord faire confiance aux entraineurs et éducateurs maliens qui ont été bien formé. Nous en avons plusieurs qui sont sortis de meilleures écoles d’entraineurs en France, Allemagne, Brésil qui sont entrains de chômer au Mali. Ils ont les meilleurs diplômes d’entraineurs que ceux dont ils font appellent à la tête de la sélection nationale. Il faut  faire une sorte que ces personnes puissent être mobilisé, valorisé pour bâtir une politique sportif et de développer notre sport. Personne ne peut le faire à notre place.

Depuis l’avènement de la Coupe du Monde, aucun entraineur étranger n’a gagné une coupe du monde pour un autre pays ! Pareille pour la coupe de l’Euro à part en 2004 pour la Grèce qui est un accident.  Ni la France, l’Italie, le brésil, l’Espagne… ne prendront des entraineurs étrangers.  Si les coachs maliens sont valorisés et impliqués, le Mali réussira sportivement !

Le mot de la fin ?

Je vous remercie pour être venu à ma rencontre. www.MaliFootball.com est finalement le seul moyen qui nous rapproche du football malien de par la pertinence et la qualité des informations que l’on trouve le dessus. Un petit coucou aux lecteurs du site !

Je salue ma famille ainsi que mes collaborateurs au quotidien.