Le contenu de l’interview de Patrice Carteron sur RFI: «C’était le bon moment de quitter l’équipe du Mali»

carteron ca2013(Par RFI) Le sélectionneur démissionnaire du Mali, le Français Patrice Carteron a donné une interview lors de l’émission Radio foot de RFI de ce mercredi 22 mai, pour confirmer la signature de son contrat avec le club congolais du Tout Puissant Mazembe et expliquer les raisons qui l’ont amené à arrêter sa belle aventure malienne. Patrice Carteron est prêt à rester sélectionneur du Mali pour les deux matches du mois de juin en éliminatoires de la Coupe du monde 2014.

RFI : Confirmez-vous que vous êtes un nouveau membre de l’équipe des Corbeaux ?

Patrice Carteron : Tout à fait, je le confirme.

J’ai paraphé un contrat de deux ans avec le président du TP Mazembe pour essayer de dynamiser le club qui reste sur une élimination en Ligue des champions. Cela a été une grosse désillusion pour ce club. Il y a donc une envie d’apporter des choses différentes.

Vous vous trouvez en ce moment à Lubumbashi. Connaissiez-vous le TP Mazembe ? Etiez-vous déjà allé à Lubumbashi.

Non, je ne connaissais ni le Congo, ni Lubumbashi. Le TP Mazembe, je le connaissais bien avec le parcours qu’a fait l’équipe, il y a plus deux ans déjà, lors du championnat du monde des clubs, où il est allé jusqu’en finale. J’avoue que depuis que je suis arrivé ici, je suis agréablement surpris par le niveau des infrastructures, de l’équipe professionnelle. C’est digne de n’importe quelle équipe de Ligue 1 française !

Vous êtes allé au stade du TP Mazembe il y a quelques jours, et vous serez présenté officiellement ce mercredi 22 mai. C’est important selon vous pour cette ville et cette équipe ?

 C’est vrai que le TP Mazembe est l’équipe chouchou du pays. Partout où l’équipe joue, il y a énormément de monde et de supporters. Le stade est absolument somptueux, avec des loges, une capacité de 30 000 spectateurs, et il est généralement complet. C’est avec beaucoup de plaisir que je découvre tout cela, et cela me donne envie de faire de très belles choses avec le Tout Puissant.

Vous comprenez aussi, que c’est une surprise que de vous voir quitter le Mali, alors qu’on pensait que vous étiez parti pour essayer d’aller avec les Maliens à la Coupe du monde 2014. Comment expliquez-vous ce choix à ce moment de la saison ?

Le choix se fait au moment crucial de la saison où les clubs cherchent souvent un entraîneur. Cela fait plusieurs mois que j’ai l’idée de reprendre un club au quotidien. La vie d’un sélectionneur est complètement différente. C’est vrai qu’il y a d’un côté le challenge d’aller le plus loin possible avec le Mali. Or, les circonstances politiques avec les nouvelles élections bientôt dans le pays, ainsi qu’au niveau de la Fédération malienne, font que je n’ai pas senti pour les mois à venir une stabilité qui m’aurait permis de pouvoir maintenir et continuer la dynamique sur laquelle on était. J’avais prévu depuis quelque temps de démissionner après les deux matches en juin. J’ai proposé bien évidemment à la Fédération malienne d’assurer ces deux matches en juin parce que j’ai convoqué les joueurs. Cela me semble quelque chose de respectueux et de légitime. Puis, les évènements se sont accélérés au niveau médiatique. Tout le monde connaît maintenant ma future destination, c’est pourquoi je me remettrai à la fédération pour savoir si oui ou non, ils ont besoin de moi pour les deux matches, afin que je parte avec un bilan formidable à la tête de cette équipe du Mali, 3è à la CAN 2013.

 J’ai toujours été un homme de défi, un homme qui fonctionne au ressenti. J’ai beaucoup aimé ce que j’ai ressenti depuis que je suis arrivé à Lubumbashi. Cela a été un grand coup de cœur, une envie de m’installer ici, d’arriver à avoir les meilleurs résultats possibles. Ce n’est pas partir du Mali comme cela, c’est une réflexion profonde sur les derniers mois. Ce n’est pas non plus un choix financier. J’ai une très belle carrière, je n’ai pas besoin d’argent pour bien vivre. J’ai fait des choix essentiellement humains. Je me suis donné corps et âme à cette sélection du Mali pendant un an, dans un contexte politique difficile. Je ne me suis jamais plaint. J’avais vraiment à cœur à transmettre aux Maliens tout ce que j’ai pu. Je n’en veux à personne, je ne veux pas critiquer bêtement. Au contraire. Le vice-président restera à jamais un ami. Mon adjoint, Pathé Diallo, à qui je souhaite qu’on donnera la sélection, c’est quelqu’un de formidable qui a de grandes compétences. J’espère vraiment qu’il pourra enchaîner sur le bon travail qu’on a fait ensemble. Il est un vrai frère pour moi. Je remercie encore les Maliens de m’avoir accepté et de m’avoir permis d’emmener les Aigles vers cette troisième place de la CAN. Je suis persuadé qu’ils vont continuer de grandir tranquillement. Mais encore une fois, de mon côté, je n’ai pas senti les conditions suffisamment favorables pour voir les choses positivement pour les mois à venir.

Le président de la Fédération malienne, Hammadoun Kola Cissé, rappelle que vous avez un contrat jusqu’au 2014 et que si vous le rompez vous serez exposé à des sanctions. Avez-vous communiqué avec lui ?

J’ai envoyé un email afin de pouvoir m’exprimer sur certaines choses. Je comprends que tant que ma démission n’a pas été acceptée, le président de la Fédération malienne considère de manière légale que je suis encore l’entraîneur du Mali. Le but pour moi ce sont les deux matches de juin. S’il faut que je m’occupe de l’équipe sur les deux matches, je le ferai sans aucun souci. Si je peux permettre à cette équipe de rester en tête de son groupe, et puis pourquoi pas de faire encore mieux avec Pathé Diallo en septembre, en Algérie, et dans un deuxième temps si je peux être ici pour la qualification à la Coupe du monde, je serai le premier heureux. Je respecte les propos du président de la Fédération malienne qui sont légitimes. Il est aussi dans une stratégie de communication assez logique. Mais pour moi c’est le bon moment pour partir, le moment où tout va bien, où l’équipe est en place, où il y a une assise, une mentalité, une qualité de jeu affirmée. Pathé Diallo est le plus à même pour maintenir cette capacité, cette qualité de travail. Ce serait formidable pour le Mali que le sélectionneur qui me succède soit celui avec qui on a fait un bon bout de chemin et qui a toutes les compétences pour amener le Mali à la Coupe du monde 2014.

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