(Par Olivier DE LOS BUEIS de http://www.football365.fr, Mardi 13 janvier 2009 – 11h49)
Grand dénicheur de talents africains, le MUC 72 a encore trouvé une perle rare avec Modibo Maïga. La fusée malienne a mis du temps à décoller, suivant avec application la méthode maison.
« Ne rien lâcher », « travailler », « obtenir le maintien. » En dix minutes d’entretien, Modibo Maïga a montré qu’il pouvait déjà être un bon manieur de langue de bois. Il faut dire que la fusée malienne du Mans cette saison a eu le temps de s’habituer aux mœurs du football français.
Dans un club réputé pour son recrutement exotique, Maïga est encore une réussite. Le Mans, qui est allé le chercher au Raja Casablanca a eu le nez fin et a su être patient.
Plutôt que de faire exploser l’attaquant dès son décollage, le MUC lui a laissé le temps de parfaire ses réglages. Première étape et premier étage de la fusée : le Raja, donc, où il a été repéré. Un point de passage marocain fort utile pour le joueur : « Le Maroc m’a beaucoup servi pour changer de niveau, nous confie-t-il. Il était plus élevé qu’au Mali. Ici c’est encore plus dur, mais ça m’a beaucoup appris et facilité les choses de passer par le Maroc. C’est professionnel là-bas, même si ce n’est pas à 100% comme ici. Mais on apprend beaucoup de choses utiles pour la France. »
Une fois Maïga recruté, Le Mans a encore été d’une patience rare dans ce football mercantile où tout doit être productif, et donc rentable le plus vite possible. Laissé à la disposition de la réserve, Maïga peut s’habituer à sa nouvelle vie sur le Vieux Continent. Deuxième étage de la fusée. Il s’adapte à un nouvel environnement, adopte de nouvelles méthodes de travail et se construit, dans l’ombre, bien aidé par un club qui sait accueillir les joueurs africains et les faire progresser : « Le Mans n’est quand même pas Bamako, mais en fait Le Mans c’est une équipe solidaire où il n’y a pas de différences, affirme le gaucher. Tout le monde est pareil. Ça fait partie de la tradition du Mans d’avoir des Africains. On a la même ambition. » L’ambition de devenir meilleur mois après mois. Et cette saison, Modibo a franchi les portes de l’équipe première. Troisième étage de la fusée.
Profitant de la baisse de forme inévitable d’Helstad essoufflé par l’enchaînement des championnats norvégiens et français, Maïga a pris le relais pour devenir le meilleur buteur du Mans. « Pour l’instant, j’ai la chance qui me sourit. Il y a une question de chance aussi dans le foot. On la provoque tous, mais certains ont plus de chance que d’autres. D’autres attaquants peuvent finir devant moi, mais de toute façon on a tous l’ambition de marquer, moi, j’ai envie de marquer encore et de faire beaucoup de choses. » Cette réussite, Henri Legarda la savoure : « Il se révèle aujourd’hui aux yeux du grand public, mais on le connaissait déjà. On savait de quoi il est capable. Au Mans, on ne pourra faire autrement que de laisser le temps au temps. Il a peut-être eu besoin de plus longtemps que d’autres pour faire son trou. Mais aujourd’hui ça paie. Il est très content d’être avec nous. Il va continuer à évoluer, à progresser. Mais il ne faut pas aller trop vite. Il a encore besoin de terminer sa formation. Tout n’est pas encore gagné. » Pour continuer sa progression et pourquoi pas briller comme un Drogba, un Cousin, un Romaric, un Bangoura ou un Gervinho dans la constellation des grands joueurs africains lancés par le MUC ? Maïga sait ce qu’il lui reste à faire.
Devinez ? « Ne rien lâcher », « travailler », « obtenir le maintien. » Evidemment…
Avec I.G.