(Par Christophe Carmarans /AFP) Marqué par l’échec des Aigles en Angola lors de la CAN 2010, l’attaquant de Sochaux Modibo Maïga estime que l’équipe nationale de Mali a de beaux jours devant elle si elle reste soudée. L’arrivée d’Alain Giresse est pour lui une très bonne chose alors qu’une nouvelle génération arrive à maturité.
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La CAF va bientôt décerner ses trophées. Il reste cinq finalistes pour le titre de meilleur joueur : Didier Drogba, Samuel Eto’o, Asamoah Gyan, Salomon Kalou et Seydou Keita. A votre avis qui mérite le titre de meilleur joueur africain pour 2010 ?
Moi je pense que ça va être comme l’année dernière. Ca se juge sur la saison qui vient de passer, c’est bien ça ?
Oui, sur l’année écoulée exactement…
Alors Eto’o, il a fait une très bonne saison, il n’y a rien à dire. Et Didier Drogba aussi. Et Seydou aussi a fait une très bonne saison avec Barcelone. Donc, après…
Mais si vous deviez voter ?
Ah, moi je préfère Didier Drogba ! J’aime bien Eto’o aussi mais Didier, j’aime bien son parcours.
A ce sujet, vous considérez la Ligue 1 comme une étape ?
Ah oui, c’est clair ! J’ai envie d’aller loin. Le plus loin possible. Mais je sais que pour arriver à ce niveau, le seul truc, c’est le travail. Il faut travailler très dur et espérer que cela vienne un jour.
Dans ce palmarès africain de l’année, il y a aussi la catégorie espoir. Sont nommés : le Ghanéen Kwadwo Asamoah (Udinese), le Nigérien Moussa Maazou (Bordeaux) et l’Algérien Ryad Boudebouz qui est votre coéquipier à Sochaux. Il a ses chances, vous croyez, Ryad ?
Oui, bien sûr qu’il a sa chance. Mais après, c’est aussi une histoire de statistiques. Si je devais voter, je voterai pour lui, bien sûr. Il a du talent et il peut faire beaucoup de choses. Je le connais bien maintenant.
On en vient à l’équipe du Mali, une équipe en phase de reconstruction, on peut dire ça ?
Oui, c’est clair. On est en train de construire une nouvelle équipe avec des jeunes. C’est ce que le public demandait aussi et c’est ce que les dirigeants sont en train d’essayer de faire. On essaie de créer une nouvelle ambiance, une nouvelle mentalité et d’apporter une nouvelle fraîcheur. On veut faire mieux que les années précédentes même si le début n’est pas facile. Mais on sait qu’avec la jeune génération, aidée par quelques joueurs plus expérimentés, on peut arriver à quelque chose si on arrive à se comprendre et à rester solidaire.
Que s’est-il passé au Cap Vert quand vous avez perdu 1-0 lors de la première journée des éliminatoires pour la CAN 2012. C’était quand même un résultat surprenant…
Dans ce match, on a eu un manque de réussite incroyable. Si la logique est respectée, le Cap Vert ne doit jamais gagner ce match. Ils n’ont pas joué du tout ! Ils ont eu une seule occasion et ils ont marqué. Nous, on a eu de multiples occasions mais on n’a pas su les concrétiser. On était très déçu et on espère que cela ne va plus nous arriver.
Après, vous vous êtes quand même un peu ressaisi contre le Liberia…
Oui mais c’était un match difficile aussi (Ndlr victoire 2-1 à Bamako). Dans ce match-là aussi, on a manqué beaucoup d’occasions et on n’a pas toujours été serein défensivement. Mais avec le nouveau mental qu’on a et beaucoup plus de concentration, on sait qu’on faire mieux.
Vous avez une bonne ossature de joueurs dans les 24-25ans, c’est intéressant pour l’avenir.
Oui et on est très soudé entre nous. Chacun est conscient que, pour que ça change, il faut se serrer les coudes. On se parle beaucoup et chacun essaie de comprendre l’autre sans que l’on se prenne la tête. On sait ce qu’il faut faire pour former un bon groupe. Après, il faut s’y mettre.
Vos deux leaders restent quand même Mahamadou Diarra et Adama Coulibaly qui se sont affrontés cette semaine lors de Real-Auxerre. « Djila » Diarra était même capitaine d’un soir du Real, vous pensez qu’il va revenir à son meilleur niveau ?
Oui j’en suis sûr. Je le connais bien. C’est quelqu’un qui a un gros mental et une grosse envie. Il reste aussi très disponible et pour moi, c’est un joueur exemplaire. On discute souvent, je ne me fait pas de souci pour lui.
Et Adama, cela reste un sacré client en défense…
Oui, je l’ai croisé plusieurs fois sur les terrains de Ligue 1 mais il ne m’a pas empêché de marquer, ah, ah, ah ! Mais ce n’est jamais facile avec lui car il a beaucoup d’expérience et il anticipe bien. Ce que j’apprécie, c’est que ce n’est pas un joueur qui « casse ». Il joue très intelligemment.
Vous avez battu récemment la RDC 3-1 à Dieppe en match amical, match dont vous n’avez disputé que la deuxième période. Qu’est-ce que vous en avez retiré de cette rencontre ?
On n’en a retiré que du positif. En première mi-temps, c’était plus difficile. On était mené 1-0. Mais après la pause, c’était beaucoup mieux car il y avait plus d’affinités entre les joueurs sur le terrain. Je sais par exemple qu’Abdou Traoré (Ndlr le milieu de l’OGC Nice) se sent mieux quand je joue devant. Et puis il y a aussi Tenema N’Diaye (Ndlr attaquant du FC Metz), devant. Ca reste un bon footballeur, même s’il n’a pas eu la chance d’évoluer au plus haut niveau. On arrive toujours à bien jouer avec lui. Il est toujours disponible et généreux dans le jeu.
Et au niveau physique, vous étiez nettement au-dessus de la RDC.
Oui, ça on le sait. Le football africain, à la base, c’est d’abord du physique. Quand on gagne les duels, on n’a plus de chances d’emporter le match, c’est évident.
Alain Giresse, comme style de management, il est différent des sélectionneurs que vous avez connus avant ?
Ca se passe très bien avec lui. Il est très sympa et compréhensif. Il explique très bien les choses. Il a une facilité pour ça. C’est quelqu’un qui vient vers les gens facilement. Et puis on sait qu’il a une très bonne expérience du football. On essaie de s’adapter à lui et de l’écouter. On sait que c’est quelqu’un qui peut apporter un souffle nouveau à cette équipe du Mali.
Les deux prochains grands rendez-vous, c’est le Zimbabwe en mars et en juin. C’est une équipe que vous connaissez un peu ?
Je dirais que les équipes africaines, c’est un peu pareil partout. Ce n’est pas une affaire de stars. Là-bas, ça se joue beaucoup sur le mental. La preuve: on a perdu contre le Cap Vert qui était moins fort sur le papier. Même si ce ne sont pas des professionnels, ce sont des mecs qui se battent !
Seriez-vous en train de nous dire qu’en Afrique il n’y a plus de petites équipes ?
Oui, quand on voit l’Egypte battue par le Niger par exemple. C’est ce que je dis, ça se joue beaucoup sur le mental et sur la solidarité. L’équipe qui est la plus forte mentalement et qui est la plus agressive sur le terrain se donne de très bonnes chances de gagner.
Quels souvenirs gardez-vous de la CAN 2010 en Angola. Le parcours s’est arrêté dès la phase de poule. C’est une grosse déception compte-tenu du potentiel qu’avait l’équipe du Mali ?
Oui c’était une grosse déception. On était extrêmement déçu car on savait que l’on pouvait faire beaucoup mieux que lors des autres CAN. Mais on a déçu d’une façon qu’on ne croyait même pas possible ! Au final, on était incapable de dire ce qui nous est arrivé. On avait fait une bonne préparation, on avait fait un grand match contre l’Egypte à Dubaï (Ndlr défaite 1-0), on était arrivé plein d’ambition et ça a été une catastrophe. Moi, personnellement, j’étais blessé mais je me suis forcé pour donner encore plus. Plusieurs joueurs ont connu des pépins physiques et ça n’a rien arrangé. Mais je pense que l’on va en tirer des leçons pour la prochaine fois.
Disputer la Coupe du monde au Brésil en 2014, c’est jouable pour le Mali vous pensez ?
Oui, il faut toujours rêver. Mais il faut travailler. Cela reste un rêve pour le moment mais on sait qu’on a les possibilités. Maintenant, à nous d’y arriver. Mais je suis confiant. Il faut rester solidaire et avoir une bonne mentalité. On peut le faire, on a tout ce qu’il faut pour y arriver.
Qu’est-ce que vous pensez de la désignation de la Russie et du Qatar pour organiser les Coupe du monde 2018 et 2022 ?
Je suis très content pour le Qatar. C’est une bonne chose que la Coupe du monde aille dans de nouveaux pays. Pour l’Afrique du Sud, tout le monde avait des craintes et finalement la Coupe du monde s’est déroulée sans problème et tout le monde était content. Alors pourquoi pas en Russie et au Qatar ? La Coupe du monde, comme son nom l’indique, ça concerne tout le monde.